jeudi 7 septembre
(10/10)
Toujours, dans la solitude de la marche, préférer le silence. Se ressourcer à l’effort. Et ainsi atteindre la beauté. Où finir. C’est un dernier jour. Le bout du bout de la vallée, une randonnée pour initiés. Un paradis, découvert une quinzaine d’années plus tôt. Cela n’aura plus de sens que je poursuive mes vacances après ce jour, je reprendrai la route vers ma chambre, mes écrans, la ville. Mais encore une fois, dans ce lieu magique se rendre, se dissoudre, s’exténuer de joie brute. Commencer par grimper le long de la cascade ; découvrir les cirques verdoyants puis lunaires en enfilade ; poursuivre jusqu’au premier col au-delà duquel s’ouvre une immense vallée ; descendre vers le lac, remonter jusqu’au second col ; y retrouver les bouquetins dans le jour finissant ; plonger enfin dans la lente et sinueuse descente qui ramène au bas de la cascade.
Ce serait une conclusion idéale. Et l’on y croit, la plus grande partie de la journée. Cela encore subsiste. Sauf que… Sitôt franchi le second col, à la place des bouquetins stationnent deux bulldozers. Le refuge se modernise pour accueillir les touristes du moindre effort qui descendront d’un tout nouveau téléphérique. La montagne a été dynamitée pour adapter ses pentes aux "loisirs naturels". Il y aura bientôt des panneaux avec des dessins de marmottes, de bouquetins et de gypaètes barbus – pour expliquer que la région investit dans la protection de l'environnement ; des poubelles portant des pictogrammes rigolos ; des QR codes à flasher. Non, ce n’est pas moi, c’est le monde qui se dérobe. Qui nous est dérobé. Je suis l’un des derniers Indiens, que l’on refoule. Je redescends. Dans mon téléphone, un message de la préfecture m’enjoint de justifier de mon identité.
Ce serait une conclusion idéale. Et l’on y croit, la plus grande partie de la journée. Cela encore subsiste. Sauf que… Sitôt franchi le second col, à la place des bouquetins stationnent deux bulldozers. Le refuge se modernise pour accueillir les touristes du moindre effort qui descendront d’un tout nouveau téléphérique. La montagne a été dynamitée pour adapter ses pentes aux "loisirs naturels". Il y aura bientôt des panneaux avec des dessins de marmottes, de bouquetins et de gypaètes barbus – pour expliquer que la région investit dans la protection de l'environnement ; des poubelles portant des pictogrammes rigolos ; des QR codes à flasher. Non, ce n’est pas moi, c’est le monde qui se dérobe. Qui nous est dérobé. Je suis l’un des derniers Indiens, que l’on refoule. Je redescends. Dans mon téléphone, un message de la préfecture m’enjoint de justifier de mon identité.