La terre
s’élève du sol en tourbillons, comme un message discret murmuré par le sol
arasé. Au loin les montagnes semblent bleues. Des humains les ont contemplées
il y a longtemps, et la nuit ils s’efforçaient de percer le mystère des
étoiles. Ils n’y parvenaient pas, ils ont dressé des pierres sur le plateau et
le long des chemins qui y menaient. Aujourd’hui on les nomme menhirs, on y
appose les mains. Le granit est parsemé de lichens colorés. Il n’y a guère
d’autre bruit que celui de l’air que l’on respire, comme une transmission de
poumons à poumons.
Plus
souvent tu es en colère. Tu ne vois rien tellement tu penses et tu ressasses.
Tu y passes des heures et des heures, à travers les champs et les forêts. Un
taon se pose sur ta jambe, tu dois le frapper à plusieurs reprises et il y
revient encore, indécrottable. Y a-t-il mieux à faire ? Inconsciente de ta
présence une biche traverse le chemin, ses sabots éparpillent des pignes de
pin. Tu ne bouges plus. Plus tard, sur la route, la colère te reprend à la vue
des éoliennes qui tranchent le ciel, le paysage, ton âme. C’est en luttant que
mourut Don Quichotte.