26 août
Cela faisait trois jours que partir n'était pas suffisamment désirable. Temps de pire canicule, de fatigue, de déprime. La voiture louée en vain, garée dans la rue. (Pourquoi une voiture ? Pour pouvoir marcher et dormir.) Ce quatrième jour, le motif festif de départ devient périmé. Trop tard. Restent dix-sept jours de location. Partir quoi qu'il en soit. La chose à faire. D'autres motifs. Partir pour cesser de dépérir dans son jus. Partir pour la vertu du mouvement. Partir comme on s'arrache à son propre engluement.
Rouler donc. Détester ça. Partir depuis une détestation généralisée. Rien ne va, nulle part. Où que les pensées nous portent. Mémoire soupirante de meilleurs élans. D'amours passées. De joies spontanées. D'espérances et de vigueur. S'arrêter à un hypermarché, détester la nourriture ignoble qu'on nous propose. Provisions faites, un minimum, plus loin s'arrêter de nouveau. Un bois, une rivière, un chemin, marcher un peu jusqu'à la nuit. Retrouver... quelque chose ? Oui, des mûres savoureuses. Non, l'accablante mélancolie.
Dans un village, petit concert de musique tango à ciel ouvert. Je passe, les yeux embués, comme si tout désormais était un adieu. La nuit est tombée, je retourne vers la voiture où me coucher. Il n'est plus que de descendre la route à pied, au crépuscule qui s'accentue. Deux à trois milliers de corbeaux surgissent soudain et me survolent, en une nuée croassante. Je reste longuement, la tête en l'air, à tenter de comprendre. Ils semblent chercher où se poser. Ou non. D'une obscure façon, c'est beau.