jeudi 18 décembre 2025

Torrents, prairies, bruissements...

18 juillet
(7/n)


    Enfermé dans ma cage, je ne vois rien, je ne bouge pas, tentant de grappiller un peu de sommeil en plus avant que le soleil ne transforme l'habitacle en étuve, le soleil est encore loin en-dessous des montagnes alors que deux camions viennent et vont au ralenti sur la portion de route où je suis garé, mais que font-ils, en marche arrière les bip-bip-bip prolongés, est-ce la voirie, un entretien des fossés ? Est-ce encore un employé municipal qui se gare à côté et reste au volant, l'autoradio allumé, à écouter d'exaspérants chroniqueurs, puis un collègue qui arrive à sa suite avec une grosse voix, lequel des deux démarre une défricheuse qui s'active tout autour, à projeter des mottes de terre sur la carlingue (hé, ma caution!), pile à hauteur de ma tête ?
    Quand il fait trop chaud je me lève.
    Plus personne.
    Le ciel est vide excepté le soleil bleu pâle.
    Je marche, longuement, toute la journée, je m'élève dans la vallée puis jusqu'au col. Torrents, prairies, fleurs éclatantes. Corps fourbu dans le bonheur de l'effort.
    L'avoir fait. Le faire. Contredire le sentiment éprouvé cinq jours plus tôt quand je m'étais assis  à côté de vieux avérés, par besoin de reprendre des forces... Contrer la pensée du "Ce n'est plus de mon âge". Eh bien si. "Ce n'est plus de mon âge" devrait toujours n'être qu'une pensée d'avant rendue caduque. Un défaitisme biaisé, un manque de lucidité.
    De retour au village je remplis ma gourde. Demande à une femme près de la fontaine si elle sait où se trouve le camping le plus proche. Élisabeth m'invite chez elle et son mari, profiter de leur douche. Et d'un jus de fruit en terrasse, à échanger sur la montagne, la vie, la philosophie.