De grosses mouches prennent le soleil sur une pancarte expliquant le
cycle de l’humus, dans le parc où Binh-Dû chemine parmi les pétales et les
samares, attentif à éviter les joggers qui portent avec fierté sur leur
poitrine le nom d’une société d’assurance.
C’est curieux, tout de même, qu’elles ne s’envolent pas à son approche.
Sauf qu’en fait de mouches ce sont des agrafes métalliques qu’un jardinier pris
de folie – un élagueur peut-être – aura plantées rageusement, faute d’un
pistolet à plus longue portée pour se défouler.
Qu’est-ce qui a bien pu l’énerver à ce point en cette journée printanière ? Les joggers ? La fin irrémédiable et imminente
d’un cycle qui le concerne de près ? Sa solitude ? La nature qu’il
vénère et dont il trouve intolérable qu’on la trahisse par de la signalétique ?
Ou bien il ne s’agit que d’une pulsion ludique, chtak, chtak, chtak
dans le contreplaqué. (Plutôt quinze fois « chtak », mais écrire
n’est pas retranscrire.) Certains arbres semblent pleurer de feuillir à
nouveau, comme si c’était parodie désormais.