Binh-Dû se perçoit parfois comme le stratège de ses propres déplacements.
C’est-à-dire qu’il se fait agir. À son demi-insu. Il y aurait une machinerie subordonnée à ce
qu’on pourrait nommer le Binh-Dû supérieur, lequel donnerait des directions,
des commandements même ; et le Binh-Dû inférieur obéirait avec plus ou
moins d’efficience, mû par une sorte de directive interne sagace que d’aucuns
se précipiteraient d’appeler l’inconscient. Ce qui serait une erreur.
Notons au passage la tendance à la dépréciation qui transparaît dans la
notion d’infériorité – tant il va de soi que le Binh-Dû inférieur est également
le Binh-Dû apparent. Le voilà donc tel un jouet mécanique avançant avec non moins de vaillance que d’imbécilité dans une direction donnée, faisant tourner à
rebours l’unique clef dont il dispose, fichée dans son dos. Et en plus, il tire
à droite ou à gauche, hoquette, va se cogner dans un meuble.
Dans le meilleur des cas, ce qui est projeté tend à s’accomplir. Le
Binh-Dû supérieur a par exemple conçu une stratégie de l’itinéraire bis, visant
à leur faire regagner (son Binh-Dû inférieur et lui-même) la voie royale dont
ils furent éjectés aux temps jadis. Hourra ? Attendons un peu avant de
crier victoire. Le schéma en obliques se révèle préfiguration d’une nasse où
les deux Binh-Dû se débattent de concert, réclamant que leur soient restitués leurs improbables espoirs.