La tristesse s’abat à la fin du jour. D’avoir programmé une enfilade de
lendemains jusqu’à l’apex du mois d’août, d’un coup s’y retrouver et c’est déjà
le déclin de l’été. D’anticiper une séparation annoncée au cœur de la prochaine
fête ; cela se passera ainsi, une dernière embrassade, un sac hissé sur le
dos, un pâle sourire de part et d’autre, l’une montera en voiture et l’autre
replongera dans la foule. Aujourd’hui même, après une journée ensoleillée,
d’étreindre une femme qu’on ne reverra pas avant septembre et dont on esquive
le risque d’un baiser.
Binh-Dû pourtant s’est réjoui d'entendre un couple de tourterelles si bien
assorties, posées côte à côté sur un fil électrique. Il s’est empli de bonheur
esthétique à la vue de danseurs tels de souples animaux plus libres qu’ils ne
furent sauvages. Il a respiré le ciel et ses parfaits nuages. Assis sur un bloc
de pierre taillé dans un gisement de fossiles, il s’est immergé dans une conversation essentielle.
Il a étiré ses orteils autant que possible pour accroître l’aise de ses
nouvelles chaussures. Rien n’y fit. Ses pieds chéris lui semblent trop petits.