Les accomplissements souvent passent inaperçus. Ni à l’entrée ni à la
sortie le vigile ne repère qu’il y eut un avant et qu’il y a un après.
S’abritant des premières gouttes de pluie qui tombaient aux abords du centre
commercial, Binh-Dû fit des emplettes opportunistes, quand il sortit à nouveau
dans la rue, de perpétuelles premières gouttes de pluie (vite évaporées) maculaient
le trottoir. L’air est chaud, le vent souffle fort dans les nuages et le temps
assèche les regrets. À plus forte raison quand une deuxième démarque efface l'initiale déception des soldes.
Quelle fut âpre pourtant cette négociation entre les principes
spartiates de Binh-Dû et les exigences de ses pieds. Au final il trouva donc
chaussures. Soldées comme il se doit, bien que d’une demi-pointure trop
courtes. Il coupera les ongles de ses orteils. D’un pas allégé il arpenta les
travées d’un magasin voisin où l’on n’accepte plus les chèques depuis deux ans
et demi (ah bon, cela fait si longtemps que je vivais dans ma grotte ?),
et s’offrit grâce à l’économie réalisée le disque détaxé d’une chanteuse aux
pieds nus. La vendeuse lui rendit un sourire de connivence.
[merci réitéré et non moins perpétuel à Camille]