Binh-Dû est dans la ville, il respire une fois sur trois, entre deux
émanations toxiques. Il n’y parvient pas très bien, il doit s’empoisonner à
petit feu. Martyre de ceux qui ont les moyens de s’acheter de
l’oxygène. Ces gens-là s’efforcent de croire qu’il y aura de l’avenir pour
leurs enfants, une espérance de vie qui permettra de mourir avant eux. Ceux qui
n’ont pas les moyens ne se verront jamais attribuée une place dans les
navettes, ils sont résignés à ne jamais surplomber les nuages. Ils se disent
que les enfants, déjà, c’est bien quand c’est petit.
Binh-Dû est un enfant des circonstances, comme n’importe lequel d’entre
nous. Il est sa propre adaptation aux circonstances. Son métabolisme fractal
est en revanche assez particulier, qui lui permet de ressentir sans barrière
cellulaire le vent dans les branchages. Malheureusement il y a de moins en
moins d’arbres. D’autres événements s’y substituent, qui n’auraient pas pris tant
d’importance sinon. Il se serait perché par choix en haut du magnolia au lieu
de le rêver refuge. Mais en tout état de cause, la vie se survivant, de joie parcellaire il s'emplit et se contente.