La sœur inventée serait un être de totale confiance, disponibilité,
bienveillance. De même serions-nous un frère pour elle. Binh-Dû surimpressionné
dissimule à l’extérieur de lui-même l’homme que nous sommes. Chez lui aussi, totale
bienveillance, et cætera. Il est requis pour aller au bout de n’importe quel
voyage, car il est habile à se contenter de peu. Il sait évoluer entre les
plaintes et les appréhensions, pour tout dire ça le fait rire. Il n’aurait pas l’âme
mélancolique, ni décisionnelle, ne serait pas du genre à affirmer une opinion ou
à prodiguer un conseil.
La sœur réelle correspond assez bien à la définition de la sœur
inventée. Diffèrent forcément la tonalité de songe propre à la seconde ainsi que le registre
ambigu consistant à se proclamer frères et sœurs humains, de passage sur Terre.
Binh-Dû apporte à l’homme que nous sommes un surcroît de biodiversité. Il sait
que l’amour se pratique à plusieurs. Il a exploré les continents, les océans,
il est en mesure de parcourir à rebours le temps qui les fatigue. C’est pour
lui un jeu de paysages, certains, nous ne les soupçonnerons pas de notre
vivant. « Mais le premier paysage, c’est toi. »