samedi 11 août 2018
vendredi 10 août 2018
jeudi 9 août 2018
mercredi 8 août 2018
mardi 7 août 2018
lundi 6 août 2018
6 août
L’orage tonne et réveille. Il y eut une nuit plus jeune,
semblable, quatre cent vingt-quatre heures auparavant, qui ajoutait un indice à
l’amour. L’amour est en latence, Binh-Dû s’apprête à entrer en silence. Cela
durera six jours et commencera demain, le matin suivant celui-ci où la terre
exhale ses odeurs les plus heureusement fraîches après la pluie.
Au centre-ville un petit manoir de trois étages
retentissait sûrement de rires et de cris d’enfants. Son parc est devenu jardin
grillagé avec chevaux à bascule thermoformés, règlementation communale affichée
à l’entrée, grillages protecteurs et toilettes publiques.
La départementale maintient tant bien que mal le
soleil dans l’encadrement de la vitre côté conducteur. Même les ZAC semblent à
l’abandon, comme une prémonition. Un vieil homme gonfle et dégonfle ses pneus,
hésitant sur la pression.
Puis Binh-Dû arrive à destination. Les chênes grimpent
les collines, les moutons accrochent leur laine aux poteaux de clôture, les
cigales craquètent. L'eau serpente à contre-torsade du chemin en lacets,
formant hélice.
Glisser ailleurs, jamais plus ici que maintenant. En
suspension. Creuser ce qui se doit.
Émerger au même endroit. Juste un peu plus loin. Ici,
là-bas.
...
dimanche 5 août 2018
5 août
Un, des papillons multicolores volettent dans la futaie de pins noirs.
Leur beauté est déconcertante et cependant risquée, certains portent les traces
d’une survie arrachée. Mais l’aile entamée n’entame pas la parade. Il y a tant
à sentir dans les trois dimensions de ce sous-bois, tant d’yeux à fixer. Tant
de retournements, l’effroi surgit par quelque aspect, le dépit, la réprobation.
Deux, jusqu’à râler de tant râler, alors c’est drôle. Vraiment ? Un libre
penseur persécuté par les catholiques hésiterait à se téléporter dans cette
modernité bétonnée, asphaltée, criarde, nonchalante et trépidante. L’œil
cathare regarde ses descendants absorbés par un fétiche luminescent et portatif
où des bonbons bidimensionnels défilent à l’infini. Les temps enchantés semblent
forclos maintenant que le bonhomme a courbé l’échine devant les marchands de
sucre. Trois, reste encore, quand les ombres s’allongent par les vallons et
les champs ployés, la sensation du vent sur la peau nue. Y répondent les
branches d’un chêne, en un frémissement ami. « Ne désespère pas »,
tel est l’insistant message.
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