L’orage tonne et réveille. Il y eut une nuit plus jeune,
semblable, quatre cent vingt-quatre heures auparavant, qui ajoutait un indice à
l’amour. L’amour est en latence, Binh-Dû s’apprête à entrer en silence. Cela
durera six jours et commencera demain, le matin suivant celui-ci où la terre
exhale ses odeurs les plus heureusement fraîches après la pluie.
Au centre-ville un petit manoir de trois étages
retentissait sûrement de rires et de cris d’enfants. Son parc est devenu jardin
grillagé avec chevaux à bascule thermoformés, règlementation communale affichée
à l’entrée, grillages protecteurs et toilettes publiques.
La départementale maintient tant bien que mal le
soleil dans l’encadrement de la vitre côté conducteur. Même les ZAC semblent à
l’abandon, comme une prémonition. Un vieil homme gonfle et dégonfle ses pneus,
hésitant sur la pression.
Puis Binh-Dû arrive à destination. Les chênes grimpent
les collines, les moutons accrochent leur laine aux poteaux de clôture, les
cigales craquètent. L'eau serpente à contre-torsade du chemin en lacets,
formant hélice.
Glisser ailleurs, jamais plus ici que maintenant. En
suspension. Creuser ce qui se doit.
Émerger au même endroit. Juste un peu plus loin. Ici,
là-bas.
...