Deuxième
tentative, un peu plus bas dans la vallée, toujours trop haut, la neige s’est
amassée dans les sous-bois. À peine on s’élève elle monte aux mollets. Elle a fait s’effondrer des sapins en
travers. Sur l’adret elle dévale en craquant, laissant un sillage poudreux. Il
est midi, temps de redescendre avant qu’elle ne fonde davantage.
Les
feuilles des noisetiers s’offrent en prière au sortir du bourgeon ; celles
des marronniers semblent épuisées par leur naissance, telles des ailes mises à
sécher (elles pendent). Tout ceci est provisoire. De même les épines des épicéas, lesquels hâtivement on dénomme sapins. Ce monde
est jeune et vieux.
Dans la
vallée, au pied des montagnes se sont accumulés deux siècles de déchets. Métal
extrait de la terre, un sale reliquat d’usines et d’industries plus ou moins
durables. Comme un éboulis chu du
paradis. Il faut dépasser la lie pour revivre aux champs de pissenlits, et à
l’extinction de la lumière souffler sur l’essaim des pappus.