lundi 29 avril 2019

25 avril


       Les champs de colza tirent vers l’orangé quand le soleil les invite à sa suite. Oh oui ça tire, à chaque éclat stroboscopique de platane ! De l’autre côté de la route le temps procède plus doucement, l’ombre est un abandon consenti. Les vaches sont couchées, ce qui est sûrement le signe de quelque chose, et les trains se sont repliés sur leur wagon-bar.
       C’est comme si la vitesse – toute relative pourtant – allait mener ta voiture à bon port, et qu’alors seulement le poids des ans se ferait sentir. Alors tu tomberais en panne. En attendant, tout semble suspendu, à commencer par l’aiguille de la jauge, à l’exact rebord du rouge. Tes poumons sauront-ils se remplir à nouveau ?
       À force de ne rien consommer tu as pris peur. Le réservoir rempli accueille plus que sa contenance supposée : en un sens c’est logique. Dormir là-dessus, une haie où nichent des oiseaux berceurs sépare de la voie ferrée. L’endroit serait parfait… Si une corne de brume ne faisait vibrer les rails à chaque orée d’endormissement.