Les champs de colza tirent vers l’orangé quand le soleil les
invite à sa suite. Oh oui ça tire, à chaque éclat stroboscopique de
platane ! De l’autre côté de la route le temps procède plus doucement,
l’ombre est un abandon consenti. Les vaches sont couchées, ce qui est sûrement
le signe de quelque chose, et les trains se sont repliés sur leur wagon-bar.
C’est
comme si la vitesse – toute relative pourtant – allait mener ta voiture à bon
port, et qu’alors seulement le poids des ans se ferait sentir. Alors tu
tomberais en panne. En attendant, tout semble suspendu, à commencer par
l’aiguille de la jauge, à l’exact rebord du rouge. Tes poumons sauront-ils se
remplir à nouveau ?
À force
de ne rien consommer tu as pris peur. Le réservoir rempli accueille plus
que sa contenance supposée : en un sens c’est logique. Dormir là-dessus, une
haie où nichent des oiseaux berceurs sépare de la voie ferrée. L’endroit serait
parfait… Si une corne de brume ne faisait vibrer les rails à chaque orée
d’endormissement.