Avant de
recommencer à parler, il y eut le silence d’une dernière nuit. Puis le chant d’un
oiseau, si mélodieux qu’à l’écouter, le matin, tu t’es rendormi. Le brouillard
protégeait du soleil, c’était un temps à prendre la route s’élevant en lacets
vers le col, peut-être y verrait-on plus clair. Au chalet, un petit garçon
cache sa girafe dans un trou de souris.
Sa mère
est l’amie retrouvée, tu l’entends avec toujours autant d’évidence à travers
les années, même sans les mots. Elle berce son dernier-né au rythme de sa
marche, attention au bonnet qui glisse sur les yeux. Le grand frère,
resté avec leur père durant la promenade, a délivré sa girafe. Le plus
inlassable des jeux consiste à se raconter des histoires.
Toi-même
te fais une frayeur, inspectant sous la douche après la promenade un pli de
chair glabre sur ton ventre d’où dépasse encore une minuscule paire de pattes
étrangères : une tique, n’espères-tu pas, saisie entre deux ongles comme n’aurait
su le faire un chien, arrachée rostre inclus. Espères-tu. La vue baisse, les
draps sont frais, odeur de camphre.