Les
hirondelles se faufilent sous la charpente d’un coup d’aile hâtif et précis.
Elles ne semblent pas perturbées par les avions qui se succèdent au-dessus de la grange. Quant aux arbres, ils poussent en hauteur pour
justifier l’accroissement de leur circonférence, tu ne crois pas ? Tout
homme est ton assassin en puissance. Tout assassin en puissance risquerait sa
vie pour sauver la tienne.
Les
gens. Ils auraient l’occasion de s’écouter marcher, mais non, ils parlent d’un
joueur de foot multimillionnaire ; ils engueulent leur chien ; ils
mentent à leur enfant (« On est presque arrivés en haut ») ; ils
sèment du plastique. Les gens. Faut-il continuer à les détester ? Ils saccagent
la planète par dépit de n’être pas immortels. Ou éternels. Croient-ils. Ils
suicident l’espèce pour dire merde à Dieu.
Au
sommet il fait froid, on pourrait confondre l’altitude avec la date d’érection
de la croix. Protégez-nous, qu’y disaient. Tous morts depuis. Toi tu connais la
faim, la soif, exaucées au-delà d’elles-mêmes. Le goût irremplaçable de la
fatigue, la misère et l’exténuation. Sans cela, pas d’accès au royaume. Les
aulnes se redressent de sous la neige et reprennent leur résilience là où elle attendait.