dimanche 5 mai 2019

1er mai


                Avant de recommencer à parler, il y eut le silence d’une dernière nuit. Puis le chant d’un oiseau, si mélodieux qu’à l’écouter, le matin, tu t’es rendormi. Le brouillard protégeait du soleil, c’était un temps à prendre la route s’élevant en lacets vers le col, peut-être y verrait-on plus clair. Au chalet, un petit garçon cache sa girafe dans un trou de souris.
                Sa mère est l’amie retrouvée, tu l’entends avec toujours autant d’évidence à travers les années, même sans les mots. Elle berce son dernier-né au rythme de sa marche, attention au bonnet qui glisse sur les yeux. Le grand frère, resté avec leur père durant la promenade, a délivré sa girafe. Le plus inlassable des jeux consiste à se raconter des histoires.
                Toi-même te fais une frayeur, inspectant sous la douche après la promenade un pli de chair glabre sur ton ventre d’où dépasse encore une minuscule paire de pattes étrangères : une tique, n’espères-tu pas, saisie entre deux ongles comme n’aurait su le faire un chien, arrachée rostre inclus. Espères-tu. La vue baisse, les draps sont frais, odeur de camphre.