samedi 4 mai 2019

30 avril


                Les générations futures, quelle imposture ! Notre prochain, suffirait déjà qu’il soit de nous le contemporain – on s’attache vite. Ceux qui préservent la planète sont conscients d’un phénomène hallucinant : la vie se perpétue. Ou bien, tout simplement, ils sont respectueux de ce qui est – cette branche pleine de sève, pour quelle raison l’arracher ?
                La terrasse d'un chalet abandonné, une truite (sous cellophane), un chien (son museau). Des moutons, des agneaux, des chèvres, des cabris. Une belette. En un autre temps, tu aurais raconté la belette sur le sentier, d’une phrase brève comme un haïku textoté, avec une rime facile pour s'en réjouir. Quelques gouttes de pluie tombent sur le plancher.
                Et puis la neige encore, d’aussi bas qu’on parte. (Bien qu’un souffle géothermique dessine des orées au pied des sapins.) Alliée cette fois du désir de redescendre, la vue dans la forêt trop longtemps s’est heurtée au son contradictoire de la rumeur automobile en contrebas. Se tromper si lourdement, les hommes, n’est pas qu’une question de génération.