Un jour
tu seras tout entier dans tes yeux. Mieux, tu seras un regard. Tu seras ce vers
quoi ton regard te porte. Tu reviendras à tes yeux pour être l’espace entre ce
que tu regardes et toi. Ce jour-là, ce que tu regarderas sera le ciel. Mieux,
ce seront les nuages traversant le ciel. Ce sera ta vision du ciel traversé de
nuages et ce sera la traversée du ciel par les nuages. Tu ne penseras rien. Tu
attendras sans attendre le moment de passer à autre chose, tel un animal. Tu
seras émerveillé tel un homme. Tu pourras fermer les yeux et devenir tout
entier au-delà de toi-même.
Nul
besoin d’inscrire ton nom sur du ciment, du bois, une peau. Ou le nom de
quiconque. Tu ne guetteras pas le moindre signe d’approbation – qui pour un
animal équivaudrait à une menace. Tu ne chercheras pas consolation pour tes
blessures, tel un homme aux pieds tuméfiés par l’éteule. Tu ne traîneras plus ton corps lourd à la
poursuite de mots perdus, jadis reportés en caractères minuscules dans un carnet.
Tu seras à nouveau innommé. Et partant, depuis la confusion infinie du
mycorhize jusqu’aux élancements les plus avides, tu vivras l’étreinte du monde.