lundi 4 janvier 2021

Rhizomiques #60

Sonny était un bon coup. Elle n’avait pas besoin de lui dire que son sein droit était plus sensible au toucher que le gauche ; qu’elle aimait commencer sous lui et finir sur lui ; que les paroles salaces, ce n’était pas son truc – ça pouvait la mettre tellement mal à l’aise qu’il fallait qu’elle éclate de rire – pas plus que les pratiques hard, même si certains hommes pensaient qu’une femme comme elle devait apprécier ce genre de choses. De son côté, elle savait ce que Sonny aimait et n’aimait pas : elle savait qu’il aimait faire l’amour sur son canapé parce qu’il pouvait voir leur reflet dans la porte en verre du meuble télé, et elle savait aussi qu’il ne voulait pas qu’elle sache qu’il regardait leur reflet, que si elle l’observait en train de le faire, il détournait la tête ou fermait les yeux. Cette pudibonderie le rendait encore plus attachant. Ça et le désir qu’il avait, la plupart du temps, de la tenir tendrement dans ses bras après, de refuser de la voir se rhabiller et rentrer précipitamment chez elle.
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L’amour et le sexe provoquent tous les deux une mutation, tout comme je pense que le désir n’est pas un manque mais un surplus d’énergie – une claustrophobie à l’intérieur de sa propre peau.
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Pendant ce temps, le corps de Pauline vivait de magnifiques soubresauts sous les assauts de Polo. Pauline n’aimait à penser à rien d’autre quand elle faisait l’amour. Elle aimait le corps de ce type, son regard dont elle essayait de percer les secrets alors qu’il allait en elle, livrant sa jeunesse à grands coups de reins, petites étoiles de bonheur, petits cristaux d’harmonie, un frisson, et puis plus rien. Pauline aime caresser le visage de Polo. Elle aime bien aussi quand ses doigts effleurent les lèvres de son homme, remontent le long de ses joues, touchent ses tempes, passent lentement dans ses cheveux, tu es beau, alors ses mains ramènent le visage de Polo entre ses seins, un souffle, l’amour, l’amour, et surtout ne rien ajouter après.
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Nous inventions des voluptés d’une tendresse exquise d’où nous revenions avec des rires de reconnaissance et nous parlions parlions encore, nous construisions par la parole les fragiles échafaudages sur lesquels se posaient les oiseaux fous de nos élans, de nos soifs, de toutes les pulsions passionnées qui nous précipitaient l’un vers l’autre, contre toute raison, avec la seule force de notre sensualité, notre hâte de compréhension et l’orgueil de l’amour.
 
Holly Goddard Jones (in Kentucky Song)
& Chris Kraus (in I love Dick)
& Daniel Benatar (in La fièvre de l'ouest)
& Danièle Rezvani (citée par Serge Rezvani in Le testament amoureux)