Le style n’est nullement un enjolivement comme croient certaines personnes, ce n’est même pas une question de technique, c’est – comme la couleur chez les peintres – une qualité de la vision, la révélation de l’univers particulier que chacun de nous voit, et que ne voient pas les autres.
Marcel Proust (entretien paru dans Le Temps, 1913)
Car il faut, pour parvenir à découvrir sa vraie nature de peintre, l’expression de sa personnalité particulière, son langage pictural à soi, qui fait que l’on reconnaît immédiatement la main de tel ou tel artiste – comme on doit trouver sa "voix" en littérature – il faut d’abord "arrêter de peindre comme on aimerait peindre". C’est-à-dire faire fi de ses admirations, de ses maîtres, et même de ses goûts – car le langage pictural qui ressemblera le mieux à ce que vous avez profondément à exprimer, votre "voix" unique, ne ressemblera peut-être pas à ce qui vous séduit le plus.
Anny Duperey (in Le rêve de ma mère)
L'artiste doit être aveugle vis-à-vis de la forme "reconnue" ou "non-reconnue", sourd aux enseignements et aux désirs de son temps. Son œil doit être dirigé vers sa vie intérieure et son oreille tendue vers la voix de la nécessité intérieure.
Vassily Kandinsky (in Du Spirituel dans l'Art)
L’acte de peindre est, avant tout, une prise de possession sensuelle de l’univers : une sorte d’identification se produit entre vous et ce que vous cherchez à capturer par l’action de peindre. Le peintre se travestit sensuellement en ce qu’il peint. Il devient femme pomme fleur lumière, je ne connais pas de communion plus complète – à part la fusion de l’amour. Peindre c’est aimer.
Serge Rezvani (in Le testament amoureux)