Sur
l’écran sont projetées en simultané des centaines de vidéos, passant du noir et
blanc à la couleur. Elles montrent des femmes qui entrent dans des pièces et
qui en sortent ; qui se font attraper par des silhouettes sans visage. Qui
écartent les jambes sur des meubles et sont prises en photo : ligotées à
des rails, giflées avec violence. Des centaines de femmes en gros plan, les
larmes aux yeux, les traits figés, leurs visages d’une ressemblance
confondante. En coda, une scène unique tourne en boucle : une femme qui se
prend un coup de poing en pleine figure. Du sang lui jaillit des narines, elle
sourit. « Tu m’aimes, déclare-t-elle, étendue par terre. Ça veut dire que
tu m’aimes vraiment. »
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L’homme
sanglote de fureur. Oh, il n’avait pas l’intention de lui donner des coups de pied.
Sa faute à elle, la faute de la femme. Qui a provoqué ses pieds pour qu’ils la frappent.
Pas sa faute à lui, mais à elle. De le transformer en bête alors que c’est
elle, la femelle, qui est la bête, la chose bestiale. Comment peut-il lui
pardonner !
Voyant
qu’elle reste allongée, immobile, paralysée de terreur, il cesse de la frapper. Épuisé, haletant, il se radoucit. Mais continue malgré tout à la blâmer –
« Toi ! C’est toi qui as fait ça. Ton âme ira en enfer, espèce de
garce. »
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Je
sentis alors des lèvres et un menton poilus sur ma bouche. Près de mes
oreilles, il émit de petits grognements, tel un cochon cherchant des truffes.
Du moins c’est ainsi que j’imaginais un cochon cherchant des truffes. Je
prenais beaucoup de plaisir.
Nicole
Flattery (in L’avortement. Une histoire d’amour)
& Joyce Carol Oates (in Comme
un fantôme : 1972)
& Alix Ohlin (in Copies non conformes)