Si vous passez vos souffrances sous silence, ils vous tueront et affirmeront que vous y avez pris plaisir.
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Quand nous entreprenons de raconter notre histoire, les gens croient que nous voulons la réécrire. Ils sont tentés de nous dire « pauvres losers » ou « passez à autre chose », « arrêtez de jouer les procureurs ». Mais s’agit-il vraiment d’un jeu ? Seuls ceux qui ont perdu autant que nous voient la singulière méchanceté du grand sourire de qui pense avoir gagné en disant : « Tournez la page. » Le hic, c’est que si quelqu’un a la possibilité de ne pas penser à l’Histoire, ni même de la prendre en considération, qu’il l’ait bien apprise ou non, voire qu’elle mérite considération ou non, alors cela signifie qu’il sait être à bord du bateau où l’on sert des petits-fours et tapote ses oreillers, pendant que d’autres sont à la mer, nageant, se noyant, ou grimpant sur de petits canots pneumatiques qu’ils se relaient pour garder gonflés, les essoufflés, qui ignorent le sens des mots "petits-fours" et "tapoter". Puis quelqu’un sur le pont du yacht dit : « Dommage que ces gens soient si paresseux, et pas aussi intelligents ni compétents que nous, nous qui avons construit ces solides bateaux, si grands et sophistiqués, nous qui naviguons sur les sept mers tels des rois. » Et voilà qu’un autre passager sur le pont dit : « Mais c’est votre père qui vous a donné ce yacht, et ce sont ses domestiques qui vous ont servi ces petits-fours. » Cette personne est alors jetée par-dessus bord par un groupe de nervis engagés par le père qui possède le yacht, engagés dans le but précis de se débarrasser de tous les agitateurs présents pour les empêcher de faire vainement des vagues, ou de faire ne serait-ce que référence au père et à son yacht.
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Il y a une histoire que j’aime bien raconter : mon grand-père m’emmenait à la plage ; il y jouait aux dames en buvant des bières. Je me souviens encre de cette petite bouteille de Primo avec une image du roi Kamehameha sur l’étiquette. Les touristes s’approchaient, ils venaient me voir quand j’avais 3, 4 ou 5 ans, et ils demandaient : « Il est hawaïen ? » Mon grand-père répondait : « Ouais, c’est l’arrière-petit-fils du roi Kamehameha », et ils prenaient des photos.---
- Qu’est-ce qu’il dit ? demande le commandant.- Dis-lui que je parle des étoiles, répond Zixaxa. Et il poursuit lentement, me donnant le temps de traduire : Les étoiles sont les épouses de la Lune. C’est cela qu’elles sont pour nous, ceux de notre race. Les épouses sont trop nombreuses, c’est pour cela qu’elles maigrissent. La Lune ne peut pas leur donner à manger.
(…)
Le portugais a perdu l’habitude de marcher pieds nus, il se retire donc avec des pas chancelants. Quand sa silhouette devient floue, je demande à Zixaxa :
- Je ne connais pas cette légende des étoiles…
- Je viens de tout inventer. Les blancs aiment les histoires. Des fois ils me font de la peine. Je les traite avec déférence, en les appelant « patrons », et ils croient que je suis sincère.
Zora Neale Hurston (citée par Carmen Maria Machado in Dans la maison rêvée)
& Tommy Orange (in Ici n’est plus ici)
& Barack Obama (in Born in the USA)
& Mia Couto (in Les sables de l’empereur)
& Tommy Orange (in Ici n’est plus ici)
& Barack Obama (in Born in the USA)
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