lundi 3 octobre
Dans la précarité de ce corps ayant besoin d'eau, de nourriture, de sommeil, d'une température extérieure ni trop chaude ni trop froide. Je me réveille à proximité du garage, le parebrise est couvert de givre à gratter mais la voiture démarre sans problème. Un berger en pick-up a installé son troupeau de chèvres et de moutons dans une prairie fraîche, je photographie des plantes fanées.
Je ne photographie pas les moutons mignons, je ne photographie pas la chapelle rénovée, je laisse un couple de randonneurs rechercher sur ma carte le nom des sommets enneigés qui m'importe peu. Je me tais autant que permis, mes poumons respirent, mon cœur s'emballe, mes genoux me tirent vers le haut. La joie laisse place à l'euphorie, tout cela est si beau. Arrivé au col, seul je danse.
Idiot. Faisant un selfie avec ma main gantée en évidence pour l'envoyer (plus tard, quand je me reconnecterai au réseau) à l'amie qui m'a offert ce gant il y a une éternité. J'en ris, cela la fera rire. Elle s'inquiétait que j'aie si souvent froid sans le savoir. Faisant des photos pour ma mère, qui aime ces paysages. Je fais des photos par amour. [Puis je redescends. Je redeviens malavisé car, de retour, j’obéis à la complaisance consistant à allumer la radio et je dors mal, pensant à Poutine, Melani, Bolsonaro.]