jeudi 9 janvier 2025

chasser la poussière

29 mai

    J’écris à des amies, c’est une chose que je fais, c’est ce qui se passe. Des courriels de rien, de peu ou de beaucoup. J’écris plus qu’on ne m’écrit mais c’est normal, c’est moi l’écrivain. C’est moi qui n’ai rien d’autre à faire, ou alors si, écrire pour moi. La distinction n’est pas si claire, lorsque j’écris à des amies c’est aussi pour moi que je le fais, et lorsque j’écris des textes qui ne sont pas courriels c’est souvent avec en tête la pensée de mes amies.
    Mieux vaut ça que d’avoir la tête auréolée d’un abat-jour boule. Je ne suis pas un saint. Mais je suis gentil. On me l’a dit par le passé, je n’appréciais pas, ça me rendait méchant. Méchant ça ne m’allait pas non plus, on me le reprochait – Je croyais que tu étais gentil. Les malentendus s’en donnent à cœur joie quand on ne sait pas trop qui on est. C’est ce pourquoi on écrit, afin de dissiper. De clarifier. De chasser la poussière avant qu’elle ne s’encroûte.
    Écrire c’est complexe, parfois il me semble que clarifier passe par l’ajout d’une strate supplémentaire de filtres entre soi et le réel. Aux autres, il semble alors que je ne leur écris pas vraiment, que je suis en conversation avec moi-même. Loin de moi pourtant cette intention. Je suis gentil et j’apprécie à présent qu’on m’en fasse crédit, comme d’une qualité singulière. Cela pique la baudruche de mes prétentions moins sympathiques, moins dignes d’être écrites.