mardi 8 avril 2025

Celles qui mènent la danse

30 juin

Aujourd’hui l’on transpire, c’est la générale du spectacle et cela se déroule en plein air, sur la place du marché. Il y a une clause du contrat qui spécifie que les représentations seront annulées si la température dépasse les 34°C. On n’en est pas encore là. On ne va pas annuler la générale. Et on ne va pas annuler la première, au pire on décalerait l’espace scénique plus près des murs où l’ombre s’étend à mesure que midi s’éloigne. Bien que, plus près des murs, cela sente le poisson. La danseuse dont le copain a perdu l’odorat improvise une entrée en scène où elle se plaint – « Fait trop chaud, pas envie… » C’est drôle, ça fonctionne bien, on valide. Au début de la pièce, les deux danseuses ont reçu comme indication de la chorégraphe d’évoluer avec des jambes en spaghettis trop cuits. Elles pèsent de tout leur poids entre les bras des hommes. En réalité, ce sont elles qui mènent la danse, de toute la puissance invisible de leurs corps gainés. Les gens jettent un regard en passant, c’est une fin de vendredi dans une ville de banlieue. On nous informe que le lendemain, la seconde représentation prévue à 20h30 est annulée sur décision de la préfecture. Des fois qu’une horde de vandales viendrait danser sa propre révolte. Pour l’heure, nous avons un public d’enfants dont les mamans papotent en terrasse au sortir de la maternelle. Ils rigolent beaucoup, sagement assis par terre, sans empiéter sur l’espace où ça danse.