lundi 23 août 2021

Attentives #19

C’est par Yesenia que j’ai su que beaucoup des cadres de la Banque centrale européenne à Francfort faisaient appel à ses services hautement spécialisés et pour cela considérablement plus chers, tellement spécialisés que sa chambre à elle se trouvait tout en haut de l’immeuble, preuve du statut que lui conféraient les pratiques sadomasochistes qu’elle effectuait en virtuose et qui étaient les plus recherchées par les cadres supérieurs de la banque, celle pour laquelle la demande était la plus forte, appelée "massage prostatique", consistait à travailler avec un vibromasseur l’anus du client jusqu’à l’éjaculation, vibromasseurs de taille assez importante, selon Yesenia, et ils considéraient cette pratique comme des plus relaxantes, et après avoir payé au moins deux cents euros, ils retournaient à leur bureau manger un sandwich et à leur monde de la haute finance, ce qui m’a poussé à m’interroger sur la relation entre le "massage prostatique" et l’économie européenne, jusqu’à quel point une mauvaise décision affectant gravement les finances d’un pays comme la Grèce ou l’Espagne dépendait de ce que le responsable chargé de la prendre n’avait pas eu le temps de recevoir son "massage prostatique" à midi en raison d’une charge de travail excessive ou d’une réunion programmée à la même heure, et les femmes telles que Yesenia avaient entre leurs mains non seulement un vibromasseur mais un instrument-clé pour la politique financière, qui dépendait en grande partie de la dextérité avec laquelle elles pratiquaient le "massage prostatique", et ce savoir-faire était ignoré de la majorité des citoyens, mais non des autorités allemandes, qui si elles avaient légalisé la prostitution, n’avaient pas encore mis en place le régime fiscal correspondant à cette activité, ce qui faisait que les filles comme Yesenia ne payaient pas d’impôts et pouvaient disposer de l’intégrité de leur revenu, peut-être en reconnaissance de ce que sans leur labeur de "massage prostatique", l’économie européenne pourrait partir en vrille…

Horacio Castellanos Moya (in Moronga)

mardi 17 août 2021

Rhizomiques #79

(…) c’est comme dans les films américains de gangsters qui passent dans les cinémas Rex et Duo et que moi je ne peux pas regarder car c’est souvent interdit aux moins de dix-huit ans, mais heureusement on nous laisse entrer si on donne notre argent de poche aux gaillards qui contrôlent les âges devant la porte. Une fois qu’on a vu les films en question on se demande pourquoi c’est interdit aux moins de dix-huit ans alors qu’on ne montre pas tout de long en large, on cache trop les femmes qui se déshabillent, d’ailleurs elles nous tournent le dos, et les baisers c’est juste pour qu’on se dise que les gens se sont embrassés car on ne voit pas les langues sortir et entrer dans les bouches. Bon, je ne vais pas m’attarder sur ça sinon on va encore dire que moi Michel j’exagère toujours et que parfois je suis trop impoli sans le savoir.
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Je dus perdre le fil de l’intrigue, car maintenant Scotty poursuivait Madeleine dans le clocher d’une église de style espagnol. Je poussai un cri quand elle tomba dans le vide.
- Tout le monde crie la première fois, dit Elaine. Mais attention. Entrée en scène du rôle de Judy.
Tout mon corps se mit sur la défensive devant l’expression que prend le visage de Scotty en voyant Judy ressortir du salon d’essayage, vêtue du tailleur gris de Madeleine. Jimmy Stewart était un bien meilleur acteur qu’on ne l’avait pensé. Je ne sais comment, mais voilà, il savait exactement comment un type réagit à cet instant rare où il voyait une vivante se transformer, grâce à lui, en une morte.
- J’y crois pas qu’un truc pareil… puisse arriver, dis-je.
- Justement. Ça n’a rien de personnel ; c’est le truc avec une œuvre d’art, fit Elaine. Chaque fois, on y voit un truc différent. J’avais toujours supposé que le film traitait de la bizarrerie sexuelle des hommes. Mais ça parle aussi du chagrin et du comportement dingue que le chagrin peut provoquer chez les gens. Il peut les faire totalement disjoncter. Comme dans Le Dernier Tango… mais ne regarde pas celui-là non plus, attends encore un petit moment…
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Tu penses sérieusement que 2001. L’Odyssée de l’espace est un film intelligent ? Ce film avec les singes qui sautent sur une musique de Richard Strauss et qui servent de prologue à une suite d’incohérences spatiales avec les petites valses de l’autre Strauss ? Je ne sais pas ce qu’est le cinéma, mais je suis sûr de ce que le cinéma n’est pas : qu’on te passe des photos avec de la musique classique, pour te faire gober qu’il s’agit de quelque chose d’important. Ils auraient mieux fait de laisser  les singes diriger le film !
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Alors que le film était présenté comme à suspense, l’action fut d’une lenteur atroce. Il était tellement évident que les comédiens jouaient la comédie. Tellement évident que ce film n’était qu’un film. Grace Kelly avait beau être très belle avec sa blondeur sereine, et pas aussi outrageusement maquillée que les actrices du film de John Wayne, et James Stewart, sympathique et conquérant, il était impossible de les prendre sérieusement pour autre chose que des stars de cinéma glamour qui se prêtaient à une intrigue improbable, encore une fois soulignée par une musique d’ambiance lourde qui m’énerva tellement que je dus me plaquer les mains sur les oreilles. (…) Je trouvais déconcertante la manière dont, dans la lumière vacillante de l’écran, les visages des autres spectateurs étaient aussi captivés que des visages d’enfants. (…)
 
Alain Mabanckou (in Les cigognes sont immortelles)
& Francine Prose (in L'été d'après)
& Pablo de Santis (in La fille du cryptographe)
& Joyce Carol Oates (in Le petit paradis)

mardi 10 août 2021

Rhizomiques #78

Quand je regarde les jeunes d’aujourd’hui, je suis surtout désolé pour eux, et ceux qui n’éveillent pas ma pitié peuvent aller se faire voir.
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Alors tout a commencé à me faire horreur, tout, les passants, les trottoirs d'école primaire, et les phrases légères de ceux dont j'observais le corps oxygéné et triomphant : ma génération qui restait vaseusement jeune jeune jeune.
Ils disaient « tranquille », « à la cool », ils disaient ciao ciao en votant à gauche, achetaient aux épiciers arabes des poignées de bonbons verts en plastique, ils s'exclamaient « je prends aussi les nounours, monsieur » et leur rire transpirait la certitude très juste qu'ils avaient d'être en train de crever quand même. Ma génération remplissait consciencieusement les papiers des impôts et avalait calmement les codes-barres et des brunches. Puis elle rotait de la tequila le week-end et se réveillait tard.
J'étais entourée de Presque Morts affolés d'être encore vivants et ils s'employaient à amenuiser cette sensation qui les tenaillait.
J'avais moi-même des accès de mort comme des évanouissements à mon état de vie.
Je n'allais quand même pas vieillir avec eux. J'étais en train de vieillir avec eux.
(...)
Bien sûr, je me doutais qu'à l'intérieur des Presque Morts on trouverait parfois un vivant. Je les sentais, les présences contraintes et muettes. Mais si peu se montraient. Où étaient-ils réunis, comment les reconnaître ? J'étais après tout, moi aussi, anonyme dans mon dégoût, cachée sous une Presque Morte, comme eux.
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Ensuite (…) la vie ne fait que creuser l’individu comme si la progression du temps vécu ne se faisait plus horizontalement et que, de jour en jour, à partir d’un certain moment, on commençait à s’enfoncer verticalement en soi-même.
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En dépit du fait que la lenteur, l’opacité et l’ennui faisaient partie de l’état émotionnel perpétuel et irrémédiable de Marcelo depuis toujours, il avait la sensation de ne pas toujours avoir été comme ça. Il pressentait qu’il y avait eu un moment où toute la pantomime de son enthousiasme avait été soutenue par un sentiment authentique. Il situait dans un passé lointain, antérieur à son âge adulte, la source de l’euphorie et de la vigueur créative dont il continuait, selon lui, à boire les séquelles. De la même manière, il prévoyait un avenir d’intense créativité, toujours imminent, dans lequel il recommencerait à exister avec enthousiasme et plénitude, savourant à fond chaque détail de la vie quotidienne. Le report perpétuel d’un tel moment le contrariait énormément, par périodes, mais son extrême auto-complaisance l’empêchait de reconnaître que le problème était, non pas une simple question d’étape ou de processus, mais plutôt de structure.
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C’était comme si, au cours du temps, l’être se divisait en deux, mitose de l’homme et de sa mémoire qui laisse le garçon se séparer du tout petit enfant, et plus tard l’adulte de l’adolescent, comme une représentation de l’évolution humaine, depuis le primate à quatre pattes en passant par le demi-homme sauvage, plié en deux, jusqu’au fier héritier de la terre, Homo sapiens, qui marche la tête haute, chaque homme abandonnant son prédécesseur, chaque phase une simple préparation de la suivante, et finalement l’enfance laissée loin en arrière, reléguée.
 
Louis de Bernières (in La fille du partisan)
& Lola Lafon (in De ça je me console) 
& Serge Rezvani (in Le testament amoureux)
& Daniel Saldaña Paris (in Parmi d’étranges victimes)
& Zia Haider Rahman (in A la lumière de ce que nous savons)

mardi 3 août 2021

Rhizomiques #77

La pluie continuait de tomber sur le jardin et Mrs Barron exprima le regret que les jeunes gens ne puissent pas sortir cueillir les framboises qui étaient mûres et se détachaient de leurs tiges. Bessie jeta un coup d’œil reconnaissant vers le ciel qui s’obscurcissait : les framboises, ça grouille de vers, c’est infesté de grosses mouches bleues et de sauterelles d’un vert métallique qui copulent grossièrement. Les framboises, c’est mou et pulpeux, ça se désintègre entre vos doigts, en un tas de petits sacs sanguinolents. Les framboises, ça tache votre robe du dimanche et ça vous attire des ennuis. (Bessie avait eu de mauvaises expériences avec les framboises.)
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J’ai couru. J’allais pas assez vite, alors j’ai volé. (…) 
De mes hauteurs, je vois les gens qui se pressent, se bousculent, se haïssent et haïssent la vie qui les a rendus adultes.
Ces gens-là ne savent pas que, dans le dictionnaire des enfants, au mot adulte, il est écrit :
Voir douleur, chagrin. Usure du temps, usure des gens. Se dit de ce qui a grandi trop vite. En accord avec la perte de l’innocence. Perte de l’insouciance. Contraire de Peter Pan. Ce qu’il advient des enfants au détriment de leurs rêves.
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Qu’est-ce qui les recueille, ces heures-là, qui n’ont servi à rien ? Quelquefois je crois qu’il est à l’envers du monde un endroit où elles sont conservées, où elles tombent comme de l’eau pure, où les morts les boivent pour être heureux.
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Et la vie suit son cours et la vie s’écoule tandis que nous attendons sans fin qu’elle recommence un peu. Même les gens comme moi sont toujours en train d’attendre. Peut-être surtout les gens comme moi. D’ailleurs, qui peuvent-ils bien être ?
 
Margaret Drabble (in La Phalène)
& Benatar (in La fièvre de l'ouest)
& Catherine Pozzi (in Agnès)
& Steinunn Sigurdardóttir (in Le Cheval Soleil)

jeudi 22 juillet 2021

Rhizomiques #76

Sur un des murs du fond, saint Georges terrassait un dragon, sa lance lui transperçant la poitrine, le sang rouge coulant sur le ventre écailleux. Si l’on était capable de croire en Dieu, ce n’était sûrement pas difficile de croire aux dragons.
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Nous étions à moins d’un mile de la côte quand un marin attira mon attention sur un animal extravagant, grand comme un bœuf, avec un museau de chien et des nageoires comme celles d’un phoque. Le marin me dit que, dans le fleuve Amazone, on trouvait aussi beaucoup de ces créatures étonnantes, et qu’on leur donnait là-bas le nom de poisson-bœuf ou manati. Il me dit aussi que les femelles allaitaient leurs petits au sein, comme de vraies femmes, tout en chantant, et que leur chant était si beau et si triste qu’il arrivait souvent que celui qui les écoutait devînt fou.
De ces animaux, que certains appellent aussi poisson-femme, est peut-être né le mythe des sirènes, avec lequel les marins aiment terrifier le vulgus, et il est lamentable que de nombreux auteurs respectables défendent encore aujourd’hui une si grande aberration. Dieu, puisque Dieu il y a, n’insufflerait jamais la vie à une si grossière contradiction, car il me semble que cela soit une tâche impossible que d’harmoniser la perfection de la femme, sa peau si douce et parfumée, avec la bestialité d’un poisson.
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- Le sang de limace remplace le sang de dragon ? demanda Olearius.
- Non, dit Kircher avec indulgence. La bile de dragon.
- Et qu’est-ce qui vous amène ici ?
- La substitution a ses limites. Le pestiféré choisi pour notre expérience est mort malgré la décoction, ce qui prouve clairement que du vrai sang de dragon l’aurait guéri. Il nous faut donc un dragon et c’est dans le Holstein que vit le dernier dragon du Nord.
(…)
- Est-ce qu’on l’a déjà aperçu, ce dragon ?
- Bien sûr que non. Un dragon qu’on aurait aperçu serait un dragon qui ne dispose pas de la qualité principale de son espèce – à savoir être introuvable. C’est précisément la raison pour laquelle on doit afficher le plus grand scepticisme face aux récits de ceux qui prétendent avoir vu un dragon, car un dragon qu’on peut apercevoir serait déjà a priori considéré comme un dragon qui n’en est pas vraiment un.
Olearius se frotta le front.
- Dans cette contrée, l’existence d’un dragon n’a visiblement jamais été confirmée.  Par conséquent, je suis absolument certain qu’il y en a un.
 
Louise Welsch (in La fille dans l’escalier)
& José Eduardo Agualusa (in La reine Ginga - et comment les Africains ont inventé le monde)
& Daniel Kehlmann (in Le roman de Tyll Ulespiègle)

jeudi 15 juillet 2021

Rhizomiques #75

Si je te demande de penser à un éléphant… allez, faisons une expérience. Pense à un éléphant. Que vois-tu ? Qu’as-tu à l’esprit ?
Un éléphant. J’ai un éléphant à l’esprit, répondis-je.
Maintenant, pense au nombre quinze.
Après un silence, il demanda : A quoi penses-tu ?
Au nombre quinze.
Faux. Tu as dans ton esprit l’image des nombres un et cinq, de quinze, n’est-ce pas ?
Exact.
Ce n’est pas le nombre quinze mais une représentation de lui.
Mais n’importe quel mot n’est-il pas une représentation de la chose elle-même ?
Si, mais je ne te demande pas de penser aux mots ; je te demande de penser à des choses – un éléphant et le nombre quinze. Et quand tu penses à quinze, un-cinq, tu ne penses pas au nombre – tu penses à une représentation de ce nombre. Autrement dit, tu penses à quelque chose qui exige de toi le recours à un code entièrement distinct afin de percer son mystère – dans ce cas, le code est le système décimal. Pense de nouveau à un, suivi de cinq. Cela n’a de sens que comme représentation du nombre quinze et à condition d’être dans le système décimal. Mais où est le code dans l’image de l’éléphant ? Tu pensais à un éléphant particulier, l’éléphant dans ton esprit. Pour le nombre quinze, tu as dû te contenter des numéros un et cinq. C’est comme si les nombres disaient : pour nous voir un tant soit peu, pour discerner un certain visage de nous, il faut que tu choisisses.
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J’avais beau user, croyais-je de toute la discrétion possible, elle repérait toujours ma silhouette furtive, un pan de mon manteau couleur muraille, mon ombre dans une encoignure. Je n’attendais rien d’elle, je ne voulais que la suivre en douce, en secret, en cachette, mais toujours, donc, elle me surprenait en se retournant brusquement, se plaignait de moi, me montrait les dents, menaçait d’alerter la police. 
Alors, je changeai de tactique. Auprès d’un vieil Indien, je m’initiai à l’art du cornac et, dans une animalerie clandestine des bas quartiers, à la tombée du soir, je fis l’emplette d’un éléphant.
Et c’est dans cet équipage, à califourchon sur l’échine de Soliman, que je repris ma filature quotidienne. Elle ne s’en offusqua plus car elle ne s’en avisa jamais : comment imaginer, en effet, qu’un éléphant vous suit ? 
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Le ciel ressemblait à une peau d’éléphant tendue au-dessus de la ville.
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Parfois, son genou gauche frôlait mon genou droit, comme deux éléphants qui se touchent le front. Mais juste le temps que ça puisse passer pour un salut d’éléphant, pas plus. 
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Je m’étonne de ne pas avoir écrit plus régulièrement sur le sexe, cet éléphant enfermé dans la chambre de ma tête.
 
Zia Haider Rahman (in A la lumière de ce que nous savons
& Éric Chevillard (in L’autofictif du 26 mars 2021)
& Michael Christie (in Un compagnon idéal)
& Chris Kraus (in Sommerfrauen, Winterfrauen)
& Pablo Casacuberta (in Une santé de fer)

jeudi 8 juillet 2021

Rhizomiques #74

Le prêtre drapa une étoffe sur le calice et tous les yeux se posèrent sur lui alors qu’il s’apprêtait à transformer le vin doux en sang du Christ. Au-dessus, Jésus levait les yeux au ciel depuis sa croix, avec l’air de vouloir maudire ce père qui l’avait cloué là.
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En regardant le Christ, je vis, au lieu de ses chevilles croisées, les pilons soigneusement pliés d’un poulet rôti. Je cessai de le contempler.
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Une fois, je suis entré dans une église avec une bouteille dans la main et j’ai voulu allumer un cierge mais j’ai pas pu à cause que j’étais trop bourré et je me suis cramé le doigt avec les allumettes. Après ça, le prêtre m’a fait agenouiller et m’a demandé de prier. Moi, j’ai regardé ce bon vieux Christ cloué sur sa croix. Derrière lui, il y avait un beau vitrail et j’ai dit : « Mon vieux, je bousille ma vie tous les jours que tu veux bien me donner et je voudrais que tu me dises pourquoi. » Et j’ai attendu, j’ai attendu et je n’ai pas eu de réponse… J’ai attendu des heures et le prêtre en a eu assez. Il est venu me relever et m’a demandé pourquoi je restais là à attendre. Alors je lui dis que j’attends ma réponse et le prêtre me demande si je me rappelle avoir fait une bonne action, une fois dans ma vie, et je cherche, je cherche et je me souviens d’une toute petite chose. Je dis : « Oui, mon père, à huit ans j’ai planté un arbre. » Et voilà pas que le sourire du pasteur s’éclaire d’une lumière que j’ai jamais pu oublier. La vraie lumière de Dieu qui a glissé sur ses lèvres. Ses lèvres ont dit comme ça : « Alors tu peux aller en paix mon fils, tu n’as pas échoué, non, tu n’as pas raté ta vie. » Tout ça à cause d’un tout petit arbre que j’avais planté du temps que j’étais gosse ! Et cet arbre a sauvé toute ma vie. J’étais heureux ce jour-là, j’ai dit au prêtre : « Vous devriez être Dieu à la place de Dieu. » Et je suis sorti de l’église pour me payer une bouteille.
(...) Maintenant j'attends les émissaires de Dieu. Y viendront me faire la peau dans pas si longtemps. Parce que je n'ai pas compris ce que m'avait dit le pasteur, ce jour-là. Je n'ai pas replanté d'autres arbres.
 
Louise Welsch (in La fille dans l’escalier)
& Jennifer Egan (in Sacré-Cœur)
& Benatar (in La fièvre de l'Ouest)