La journée des cinq « non » est une fuite
interrompue entre deux parois rocheuses. Là coule une rivière qui par fortes
pluies charrie des galets, d’une baignoire naturelle à l’autre. Par fortes
chaleurs on traverse la route sans regarder à droite ni à gauche, nul besoin.
Les pieds sont nus ou simplement chaussés de claquettes pour descendre jusqu’à
la rive. « Tu viens te baigner avec moi ? » Dans la transparence,
des alevins se déplacent à petites coups de nageoires, tout compte fait c’est
oui. La sueur quitte les corps nus, un nuage obscurcit le soleil trop violent.
« Tu restes dîner ? » Devant la fenêtre de la cuisine l’arbre à kiwis
pousse ses branches entre les figuiers et les
treilles, l’ensemble forme tonnelle à la terrasse, et dans le four cuit un pain aux olives, fariné des premières châtaignes, tout
compte fait c’est oui. « Tu voudras du raisin ? » Les figues
déjà ont prodigué un content de sucre, et le melon, et la tomate russe, mais
tout compte fait c’est oui. « Tu prendrais du beurre sur ton
pain ? » Chaud sorti du four, embaumant la pièce, le pain se suffit à
lui-même, mais s’il est chaud c’est pour faire fondre, tout compte fait c’est
oui. « Tu restes dormir ? » Tout compte fait c’est non, il
s’agit de reprendre la fuite, une fois au moins s’en tenir à ce que l’on
annonce. Et sans regret quitter le paradis.