Je
pensai aux cartes topographiques dont se servent les grimpeurs et les amateurs
de courses d’orientation, cartes qui donnent, grâce aux lignes joignant les
points de même altitude, une sensation en deux dimensions du relief
tridimensionnel du monde connu. Il fut un temps où la même idée était à l’œuvre
sur les cartes météorologiques à la télévision, avec les isobares, ces courbes
reliant les points de pression atmosphérique égale, avant que tout ne
redevienne encore plus simple, éclatants soleils à pétales, tels qu’un enfant
pourrait en peindre, et nuages mousseux. Les cartes, topographiques ou autres,
et les plans nous intriguent par leur nature de métaphores : outils qui
nous donnent une notion de quelque chose dont la vérité est bien plus riche
mais sans lesquels nous ne percevrions rien et ne trouverions jamais nos
repères. C’est ce que font mystérieusement les plans et les cartes : ils
occultent l’information pour nous informer un tant soit peu.
Comme
le plan du métro de Londres, dis-je.
Il
n’indique jamais, enchaîna Zafar, où sur la terre se trouve telle station. En
un sens, ce n’est pas du tout un plan mais un schéma ; une représentation
non pas topographique mais topologique (…)
La
perte d’information et de compréhension que tout acte de représentation entraîne
est l’effet d’un acte de destruction qui répond à un besoin. Il semble
peut-être que nous ayons fait un pas en avant, mais en réalité nous avons fait
un pas en arrière et deux pas en avant. Chaque fois que nous voulons comprendre
quelque chose, nous devons simplifier, réduire et, en outre, renoncer au projet
de comprendre en totalité, afin qu’il soit possible de comprendre un tant soit
peu. Cela est vrai, je pense, de toute entreprise humaine.
Zia Haider Rahman (in A la lumière de ce que nous savons)
(1931)
(1933 - désigné par Harry Beck)
(2012 - désigné par Maxwell Roberts)