Peu à peu toutefois, Jumien
s’apaisait. Celui qu’il avait rencontré dans le miroir ne lui était ni menaçant
ni hostile, juste perdu, tout comme lui-même l’était. Ils étaient frères de
désarroi, en un sens. Et ils ne s’étaient pas quitté des yeux. Ce qui
témoignait d’une logique tout de même, une connexion persistait entre lui et
son image, une interaction. Un mouvement s’accompagnait simultanément d’un
mouvement d’ampleur équivalente. Ils avaient toujours besoin l’un de l’autre,
certes comme la corde soutient le pendu… Il n’était pas question de cela avec
Sylvelle, quand elle rentrerait il lui demanderait pardon, il s’excuserait pour
avoir été si égocentré et si absent à la fois. Il lui dirait qu’il comprenait,
il comprendrait parfaitement qu’elle le quitte. Lui-même, s’il pouvait, il se
quitterait, c’est dire s’il comprenait ! Il ferait amende honorable, prêt
à ce qu’il soit trop tard. Il la libérerait de leur association inconvenante et
il irait se pendre loin des yeux loin du cœur.
Ou peut-être (...)