L’acte
de peindre est, avant tout, une prise de possession sensuelle de l’univers :
une sorte d’identification se produit entre vous et ce que vous cherchez à
capturer par l’action de peindre. Le peintre se travestit sensuellement en ce
qu’il peint. Il devient femme pomme fleur lumière, je ne connais pas de
communion plus complète – à part la fusion de l’amour. Peindre c’est aimer.
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Le
visage de la vierge était définitivement beau et quelque chose en lui l’apparentait
à Valeria qui avait maintenant retiré ses lunettes pour contempler ces œuvres
de Giotto dont elle assurait connaître chaque millimètre, et la chaleur de la
petite main de la jeune femme saisissant celle de Miguel fut une telle surprise
qui se transforma en une certitude révélatrice : dès cet instant, tout
pouvait changer, comme la vie de Marie à partir du moment où l’ange descendu du
ciel lui avait annoncé son immense responsabilité dans le royaume de ce monde.
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- Vous avez déjà entendu parler de Marina
Abramovic ?
Je secoue la tête.
- C’est une artiste performeuse. Elle a longtemps
travaillé avec son compagnon, Ulay. Ils avaient créé une installation où ils
marchaient en se bousculant pendant une heure. Une autre fois, ils se sont
attachés ensemble par les cheveux et se sont tenu dos à dos pendant dix-sept
heures. En 1977, ils ont inspiré et expiré le même petit volume d’air jusqu’à
perdre connaissance. Quand j’étais étudiante en histoire de l’art, on a analysé
le projet qu’ils avaient monté dans les années 1980 : assis l’un en face
de l’autre, ils avaient passé sept heures à se dévisager en silence.
- Je n’ai jamais compris pourquoi on appelle ça de
l’art.
Elle me jette un regard
surpris.
- Qu’est-ce que l’amour, si ce n’est pas de
l’art ?
Serge Rezvani (in Le testament amoureux)
& Leonardo
Padura (in Destin(ation) : Milan-Venise (via Vérone))
& Jodi Picoult (in Le Livre des deux chemins)