5 mai
Sur la carte je repère d'autres bois que je n'ai pas encore parcourus, ainsi que des étendues vertes de prairies. Je vais prendre le VTT pour m'en rapprocher. Les voitures me frôlent quand je pédale au pas dans les côtes. Je ne suis pas habitué à avancer si lentement, d'habitude je me dresse en danseuse sur mon vélo de course. Les VTT ne sont pas faits pour l'asphalte ; je m'engage dans un chemin de terre. C'est là que j'ai croisé le sanglier hier, aujourd'hui je fais trop de bruit. Et je bifurque, ça grimpe, ça descend. Dans les descentes j'hésite à freiner, est-ce du jeu ? Je longe un haras désert. J'arrive à un croisement, une petite route gravillonnée, normalement je devrais tourner à gauche, mais n'est-ce pas plus joli à droite ? Le guidon décrit un 8 et je tombe lourdement.
Voilà, ce sera l'événement de mon dernier jour à la campagne. Je suis par terre, je vérifie que mes articulations fonctionnent, ma tête n'a pas cogné, je peux respirer. Aïe, je peux respirer mais mes côtes sont douloureuses. Je me relève. Au bout du chemin gravillonné apparaît un cavalier. Je relève le vélo, remonte en selle. Il me semble important qu'on ne me demande pas comment je vais, je roule vers le village plus vite qu'un cheval au petit trot.
Devant l'église vient de s'achever un office funéraire, le corbillard attend. J'attache le vélo à un poteau de sens interdit.
J'ai mal mais je pourrai rentrer. J'ai mal mais je peux continuer à pied plutôt que de rentrer.
Dans les champs fraîchement semés, des simulacres de rapaces accrochés à de longues perches souples flottent au vent. Hors du sentier les bois sont privés, nous avertissent des lettres rouges. Des coups de feu éclatent tout près. Quand je m'engage dans un chemin creux je claque des mains pour me différencier d'une bête à tuer. Je chanterais bien si je n'avais pas si mal et si éternuer ne me pliait pas en deux. Claquer des mains, déjà c'est limite.
J'arrive en ville, devant une poste ouverte, je me souviens que j'ai oublié d’envoyer mon chèque de loyer.
Comme si j'étais venu ici pour cette raison précise, et voilà qu'il est temps pour moi de m'en retourner. Je prends un autre chemin qu'à l'aller, je vois un faisan absurdement vulnérable avec sa tête rouge en saccades. J'échappe aux tirs d'un autre chasseur.
Le cortège funèbre a disparu, le vélo est toujours attaché, je peux grimper dessus, rouler, rejoindre la maison de mes amis. À l'entrée de leur village je fais s'allumer le radar pour excès de vitesse, comme une radiographie qui indiquerait que je n'ai rien de cassé.
La nuit toutefois, je ne dors qu'entre deux plaintifs changements de position.
Voilà, ce sera l'événement de mon dernier jour à la campagne. Je suis par terre, je vérifie que mes articulations fonctionnent, ma tête n'a pas cogné, je peux respirer. Aïe, je peux respirer mais mes côtes sont douloureuses. Je me relève. Au bout du chemin gravillonné apparaît un cavalier. Je relève le vélo, remonte en selle. Il me semble important qu'on ne me demande pas comment je vais, je roule vers le village plus vite qu'un cheval au petit trot.
Devant l'église vient de s'achever un office funéraire, le corbillard attend. J'attache le vélo à un poteau de sens interdit.
J'ai mal mais je pourrai rentrer. J'ai mal mais je peux continuer à pied plutôt que de rentrer.
Dans les champs fraîchement semés, des simulacres de rapaces accrochés à de longues perches souples flottent au vent. Hors du sentier les bois sont privés, nous avertissent des lettres rouges. Des coups de feu éclatent tout près. Quand je m'engage dans un chemin creux je claque des mains pour me différencier d'une bête à tuer. Je chanterais bien si je n'avais pas si mal et si éternuer ne me pliait pas en deux. Claquer des mains, déjà c'est limite.
J'arrive en ville, devant une poste ouverte, je me souviens que j'ai oublié d’envoyer mon chèque de loyer.
Comme si j'étais venu ici pour cette raison précise, et voilà qu'il est temps pour moi de m'en retourner. Je prends un autre chemin qu'à l'aller, je vois un faisan absurdement vulnérable avec sa tête rouge en saccades. J'échappe aux tirs d'un autre chasseur.
Le cortège funèbre a disparu, le vélo est toujours attaché, je peux grimper dessus, rouler, rejoindre la maison de mes amis. À l'entrée de leur village je fais s'allumer le radar pour excès de vitesse, comme une radiographie qui indiquerait que je n'ai rien de cassé.
La nuit toutefois, je ne dors qu'entre deux plaintifs changements de position.