Pourquoi sommes-nous encore aussi peu évolués dans certains domaines et si incroyablement stupéfiants dans d’autres ? Certaines personnes sont comme la matière et d’autres sont de l’antimatière : il y a ceux qui veulent que l’humanité évolue pleinement et leurs opposants sont une source qui cherche uniquement à garder les choses telles qu’elles sont ou à les ramener à l’âge des ténèbres. Pour paralyser, nier ou détruire le progrès afin de pouvoir, pendant ces quelques secondes particulièrement sournoises qui constituent la vie entière d’un être humain, se leurrer en pensant qu’en contrôlant – dominant, torturant, colonisant, ségrégant, violant, assassinant –, ils sont parvenus, pendant une période de l’histoire, à s’accaparer le temps.
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Tuer ses semblables, les torturer ou les violer, est dans la nature de l’homme, n’est-ce pas ? Qu’elle aimerait que cette expression, dans la nature, soit bannie du langage, qui associe encore et toujours la nature à une cruauté sauvage, à une agressivité aléatoire, au lieu de permettre d’y distinguer des systèmes profondément organisés, souples et équilibrés, des systèmes à la sophistication dédaignée qui permettent pourtant la cohabitation de tant d’espèces. Bien sûr, elle ne prêche pas un retour au temps des pénuries et des épidémies, mais un bond en avant, où les instincts de domination s’estomperaient au profit d’une générosité transversale, où la survie des uns, physique et mentale, ne serait pas assurée par le dépérissement des autres.
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Humains et moustiques, nous sommes parfaitement assortis. Nous sommes l’une et l’autre des espèces aussi inutiles qu’omniprésentes. Mais tandis que vous régnez sur la Terre et la détruisez par plaisir, les héros que nous sommes traînaillons. Nous étions là avant vous – des millions d’années avant, disent les fossiles.
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Comme le faisait remarquer l’évangile gnostique de Philippe : "Le monde est apparu à la suite d’une faute". Il parlait sans doute de Dieu, mais pour ce bon vieux Lucrèce, c’était une question de matière. Quand les atomes tombent dans le vide, ils dévient – à peine, juste assez pour modifier leur trajectoire. Cette déviation, appelée clinamen, engendre la collision et l’agrégat, à la fois la cohésion et la fuite de la matière. Stephen Hawkins l’a dit un jour : "Sans l’imperfection, ni vous ni moi n’existerions". Le moindre écart ouvre une nouvelle voie, un Éden de digressions bifurquant à l’infini.(…)
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L’homme a besoin de l’Éden pour horizon. Je sais bien que beaucoup disent : "Après nous, la fin du monde !" C’est le plus hideux et le plus funeste blasphème que l’homme puisse proférer. C’est la formule de sa démission d’homme, car c’est la rupture du lien qui unit les générations et qui les rend solidaires les unes des autres.Jenni Fagan (in La fille du Diable)
& Céline Curiol (in Les lois de l'ascension)
& Namwali Serpell (in Mustiks)
& George Sand (in Écrits sur la nature)
& Céline Curiol (in Les lois de l'ascension)
& Namwali Serpell (in Mustiks)
& George Sand (in Écrits sur la nature)