Binh-Dû ne se lève pas au son du réveil, il bâcle une collation
minimale, rallonge son trajet de plusieurs kilomètres et de longues minutes – faute
de l’avoir correctement étudié au préalable, il arrive donc en retard pour le
spectacle qu’il aurait aimé voir, se rabat sur un attroupement, les gens
rient, à vue de nez un comédien travesti parodie Céline Dion, la pluie se met à
tomber, l’amie que Binh-Dû devait retrouver est introuvable, ne répond plus au
téléphone, le ciel reste obstinément gris pluvieux, tous les spectacles sont
annulés, Binh-Dû se perd puis doit se rendre à l’évidence : on lui a volé
sa voiture.
Binh-Dû se réveille quand son corps lui en donne le signal, il invente
sur le pouce un plat de restes, dans sa voiture les heureux embranchements de
l’autoradio font passer ses inspirations erronées, le spectacle manqué sera
rejoué demain – au moins ce mauvais clown fait rire les enfants –, puisqu’il
pleut Binh-Dû se réfugie dans un supermarché où il espère trouver une boîte de
haricots verts, au tournant d’une allée il tombe nez à nez sur son amie en
panne de batterie entrée acheter des collants, ils se racontent leurs vies dans
une brasserie, la voiture attend là où Binh-Dû
ne se souvient plus de l’avoir garée.