Mais tout va bien, répondent les quatre mésanges jaunes qui à l’aube
s’ébattent dans la gouttière. Le ciel à cette heure donne la part belle aux
cirrus, comme à la tombée de la nuit, c’est étrange, raisonne Binh-Dû qui n’a
guère l’habitude de traîner une insomnie jusqu’au moment où le soleil paraît derrière
le toit de tuiles. S’il avait dormi et s’il buvait du thé, l’heure serait propice
à l’écriture, ce dont les mésanges se fichent bien, quoique leur bec puisse
induire le contraire. Ou le duvet de leur poitrine.
Binh-Dû ronge son frein, il ne
pourrait pas en dire autant de ses orteils. Dont les ongles poussent
inexorablement, comment faisaient les êtres humains aux temps anciens ? Se
montraient-ils serviables les uns envers les autres ? Certains de ses
contemporains en savent beaucoup moins que Binh-Dû sur le fonctionnement et l’histoire
du monde, certains n’en sauront jamais autant. D’autres encore ont bon pied,
bon œil et bonne oreille, ils ont tout compris de l’essentiel. Binh-Dû à leur
cheville les contemple.