samedi 2 juin 2018

2 juin


Mais tout va bien, répondent les quatre mésanges jaunes qui à l’aube s’ébattent dans la gouttière. Le ciel à cette heure donne la part belle aux cirrus, comme à la tombée de la nuit, c’est étrange, raisonne Binh-Dû qui n’a guère l’habitude de traîner une insomnie jusqu’au moment où le soleil paraît derrière le toit de tuiles. S’il avait dormi et s’il buvait du thé, l’heure serait propice à l’écriture, ce dont les mésanges se fichent bien, quoique leur bec puisse induire le contraire. Ou le duvet de leur poitrine.
            Binh-Dû ronge son frein, il ne pourrait pas en dire autant de ses orteils. Dont les ongles poussent inexorablement, comment faisaient les êtres humains aux temps anciens ? Se montraient-ils serviables les uns envers les autres ? Certains de ses contemporains en savent beaucoup moins que Binh-Dû sur le fonctionnement et l’histoire du monde, certains n’en sauront jamais autant. D’autres encore ont bon pied, bon œil et bonne oreille, ils ont tout compris de l’essentiel. Binh-Dû à leur cheville les contemple.