Retrouvons-nous
à deux. Retrouvons-nous à trois. Il faut toujours un supplément ou une
correction : il ne faut qu’en de
rares circonstances. Parlons de désir en toute décomplexion. Envisageons les tatouages, les piercings, les poils – cherchez
l’erreur ?
Un
fantôme en tenue de latex commande un burger végétarien, une blonde en
lunettes de soleil échoue à reconnaître l’œil de son
chaman (ou c’est le chaman qui bafouille), la vieillesse se ratatine dans un
éclat de rire, la jeunesse tutoie le vide.
Nous
sommes trois, dont deux du même sexe, qui descendons les marches. Il n’est pas
question de sexe. Nous sommes trois, dont deux ne se connaissaient pas avant ce
jour, les deux mêmes. Il y a de la sympathie. Il y a la connaissance commune.
Ceci
n’est pas une figuration théorique, nous sommes des êtres de chair et de sang,
nos cœurs battent, nos âmes suivent, précèdent et batifolent, nos esprits
fusent au ras du sol. Nous ne sommes pas de trop, aucun de nous.
Et
pourtant, si s’effaçait, des trois, celui qui porte le nous, il en concevrait
une certaine satisfaction. Il partirait seul, à contre-sens, tandis que se
tramerait en arrière de lui une heureuse progression de l’histoire.