mardi 12 novembre 2019

12 février


Faisons comme si nous étions en juillet, au cœur de l’été, et non pas dans un métro tortueux copiant les méandres du fleuve – en quel pays fané ? Les correspondances ne mènent qu’à d’aussi incertaines dérives, l’électricité tressaute entre les rails à l’arrêt. Au plafond on devine le poids des pas d’une foule qui rapetisse de plus en plus lourdement. Non, sortons de là ! Ramassons les fruits répandus sur le plancher lors d’un précédent cahot et, dès que les portes s’ouvriront, précipitons-nous à l’extérieur. Peut-être y verrons-nous plus clair. Peut-être te retrouveras-tu seul sous un ciel jaune. Là-haut, les localisateurs ne captent pas. Les champs sont durs comme de la pierre. Tu te souviens soudain que des arbres, il n’y en a plus, ni d’oiseaux bien sûr. Et le fleuve, coule-t-il toujours à l’emplacement que les cartes d’en bas indiquaient, ou était-ce juste une métaphore ? Non, non, tu t’es trompé, juillet ce n’est pas ici, ce n’est pas ça ! Tu le sentirais dans ton corps, une puissance un peu alanguie, un désir dans l’air. Un clin d’œil, tel celui promis à une amie, où sont tes amis ? Le « nous » devrait venir de toute part et passer un bras sur tes épaules. Faisons comme si l’amour était possible. Et tout ira bien. Oui ?