Faisons comme si nous étions en juillet, au cœur de l’été, et
non pas dans un métro tortueux copiant les méandres du fleuve – en quel pays
fané ? Les correspondances ne mènent qu’à d’aussi incertaines dérives,
l’électricité tressaute entre les rails à l’arrêt. Au plafond on devine le
poids des pas d’une foule qui rapetisse de plus en plus lourdement. Non,
sortons de là ! Ramassons les fruits répandus sur le plancher lors d’un
précédent cahot et, dès que les portes s’ouvriront, précipitons-nous à
l’extérieur. Peut-être y verrons-nous plus clair. Peut-être te retrouveras-tu
seul sous un ciel jaune. Là-haut, les localisateurs ne captent pas. Les champs
sont durs comme de la pierre. Tu te souviens soudain que des arbres, il n’y en
a plus, ni d’oiseaux bien sûr. Et le fleuve, coule-t-il toujours à
l’emplacement que les cartes d’en bas indiquaient, ou était-ce juste une
métaphore ? Non, non, tu t’es trompé, juillet ce n’est pas ici, ce n’est
pas ça ! Tu le sentirais dans ton corps, une puissance un peu alanguie, un
désir dans l’air. Un clin d’œil, tel celui promis à une amie, où sont tes
amis ? Le « nous » devrait venir de toute part et passer un bras
sur tes épaules. Faisons comme si l’amour était possible. Et tout ira bien.
Oui ?