dimanche 10 novembre 2019

10 février


Tu sens monter l’éblouissement, il ne sert à rien de résister. Il serait vain de grappiller encore quelques images, celles qui seraient les dernières, qui s’inscriraient sur ta rétine une bonne fois pour toutes comme une ultime photographie, un tableau achevé, une allégorie de tout ce qui appartiendra – appartenait, appartient – définitivement au passé. Non, arrête-toi, ferme les yeux, vois ton souvenir immédiat tel qu’il fut : une rue pavillonnaire, des voitures garées, des arbres de bordure. Observe la montée de la lumière, un point central au début, qui s’élargit aux dimensions de ton cerveau, qui irradie d’une intensité solaire. Les couleurs varient selon la pression de tes paupières sur les globes oculaires, c’est aussi parfaitement indolore que si tu étais couché sur ton lit de mort. L’apex hésite entre deux aventures opposées. Puis l’ombre revient, tel un nuage, une ambivalente déception. Quand tu rouvres les yeux, la rue est toujours là, tu peux avancer. Tout semble recouvert d’un pollen fleur de souffre. Et la question demeure, tandis que tu regagnes un point de départ : cherches-tu des raisons pour l’ailleurs ou des raisons pour ici ?