L’été dernier on prenait le vélo pour aller à la plage. Le
mec me dit « Je comprends, moi aussi j’ai travaillé dans la
restauration ». En ce moment je dors comme c’est pas permis. Ça paraît
loin mais en réalité c’est tout à fait faisable. Comme si ça lui donnait le
droit de me draguer, non mais tu imagines ? C’est genre neuf, dix heures
toutes les nuits. Oui mais tout de même vous en aviez pour combien de
temps ? Ils se croient tout permis les bâtards. Une nuit de neuf heures je
ne sais pas depuis quand cela ne m’est plus arrivé. Ça dépendait, parfois on
s’arrêtait en chemin. Donc le mec continue, il me dit « Et ça vous arrive
d’être payée en heures sup’ ? » Oui mais tu vois, là je sens que mon
corps en a besoin. Deux heures et demie à peu près. Mais est-ce que je lui
demande s’il lèche le cul de sa chienne ? Mon corps aussi, il en aurait
bien besoin, c’est juste que je ne peux pas avec tout ce que j’ai à faire
dans une journée ! Je crois que je n’aurais pas eu le courage. Tu aurais
dû ! Bien sûr, et comment ça se passe avec Lucas ? En même temps, la
piscine ça craint, surtout pendant les vacances. Bref, je le calcule plus, je
continue mon taf, à un moment je le vois qui se barre avec ses potes et il me
fait un clin d’œil. Toujours pareil, ce qui n’arrange rien. Tu devrais venir
nous voir. Je vais débarrasser sa table, et devine combien je trouve en
pourboire ? Ce n’est pas ton anniversaire, bientôt ? Je crois que je
vais rester ici. Quatre-vingt-cinq centimes d’euros. Ça tombe un lundi.