L’hiver
dernier, j’ai pris l’habitude de courir dans les champs à la nuit tombée.
J’évitais ainsi le risque de croiser un de ces joggeurs en vêtements techniques
fluorescents qui halètent comme des joueurs de tennis. Je voulais de toute force
la solitude et la morsure du froid sur mes mollets, je filais sans un son dans
l’obscurité jusqu’à m’y fondre. Seuls me rassuraient les animaux et l’idée que
tu existes quelque part – toi seule me sauvait de la misanthropie.
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Il
se peut que l’amour ne puisse survivre, si on le place dans un milieu.
Peut-être meurt-il si on laisse entrer le monde extérieur ; peut-être
tombe-t-il en poussière si l’on ouvre la fenêtre. Or je sais bien que cet
air-là, celui de l’extérieur, c’est le vrai. Mais je ne peux établir le rapport
interne-externe. Je ne parviens pas à opérer la jonction. Cela est d’autant
plus surprenant que l’amour est une réalité, et même une réalité très
quotidienne.
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Quelqu’un
pour qui l’extérieur a toujours été à la fois irrespirable et infranchissable ne
devrait pas accorder le moindre sens à la nostalgie d’un espace ouvert
accueillant.
Fanny
Chiarello (in Le sel de tes yeux)
Margaret
Drabble (in La cascade)
Céline
Minard (in Boules à
neige)