mercredi 11 janvier 2023

Rhizomiques #128

Sa future épouse pleure dans ses bras parce que le printemps, sa saison préférée, est fini. 
Tu ne peux pas pleurer parce que l’été arrive, il dit. Je pourrais comprendre que tu pleures pour l’hiver. Mais l’été ?  
Je pleure sur ce que je veux, elle répond. 
Il est surpris. Les gens peuvent-ils faire ça, pleurer sur tout ce qu’ils veulent ? Il aimerait que ce soit vrai pour lui. Il est incapable de pleurer sur quoi que ce soit. 
 ---
Il aime la vie… Mais un peu à la manière d’un dinosaure qui assisterait à l’entrée de la météorite dans l’atmosphère terrestre. 
 ---
Je ferme les yeux et j’écoute le grondement et le fracas du monde qui passe en trombe. Nous aussi, nous passons en trombe. Le vent cinglant nous double. Nous sommes si brefs. Un pissenlit d’un jour. L’enveloppe d’une graine ricochant sur la glace. Nous sommes une plume tombant de l’aile d’un oiseau. Je ne sais pas pourquoi il nous est donné d’être tellement mortels et d’éprouver tant de sentiments. C’est une blague cruelle, et magnifique… 
 
Ali Smith (in Printemps) 
& Frederik Peeters (in Oleg) 
& Louise Erdrich (in L’enfant de la prochaine aurore)