En ce temps-là, c’étaient les gens que j’observais, principalement parce qu’ils me déconcertaient. (…) Ou, peut-être voulais-je comprendre pourquoi je n’étais pas comme eux. Ils étaient très attachés à des choses auxquelles je ne trouvais, moi, aucune utilité. Ils prenaient le monde au pied de la lettre, et ils avaient l’air de vouloir des choses non parce qu’ils les voulaient vraiment, mais parce que c’étaient les objets de désir imposés.
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Tu n’as jamais compris que l’on puisse souhaiter la même chose que tout le monde. Un jour, ta sœur a boudé parce que votre mère avait refusé de lui acheter des baskets tendance aussi ridicules que hors de prix. Tout le monde les a, geignait-elle. C’était un argument à ses yeux et tu as compris que vous ne pourriez pas être plus différentes. Après un temps de surprise, tu as laissé échapper un gloussement et elle t’a accusée d’être cruelle.
- Mais non, je ris parce que je ne conçois pas qu’on puisse vouloir ressembler à tout le monde.
- Et tu sais quoi ? Ça tombe bien parce que personne ne voudrait te ressembler. Ça, tu peux le concevoir ?
- Ça, de ton point de vue, c’est censé être cruel. Mais ça ne m’atteint pas puisque je n’ai pas envie que quelqu’un ait envie de me ressembler.
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Je pensais que j’étais amoureuse de Tatiana parce que j’avais eu envie de l’embrasser sur la bouche quand elle avait fêté son anniversaire au mois de mars. Et avoir vraiment envie de quelque chose (qui m’avait fait battre le cœur quand on dansait sur un morceau de Beyoncé, qu’elle avait mis exprès pour moi), ça ne m’était encore jamais arrivé.
John Burnside (in L’été des noyés)
& Fanny Chiarello (in Le sel de tes yeux)
& Nathalie Kuperman (in On était des poissons)