mercredi 1 décembre 2021

A un pas de distance

(30/n)

Et puis voilà : il pleut, un homme se tient sous l’auvent du fleuriste, voûté, épaules relevées, dans un sweat qui souligne sa minceur. Les mains réunies dans la poche ventrale, un sac sur le dos. Une main qui se risque au-dehors, la paume se retourne à peine, la voix se fait tout juste entendre, une syllabe – food ?

Céline s’arrête, regarde sous la capuche le jeune homme qui garde la tête baissée. On va lui acheter quelque chose à la boulangerie, dit-elle à Rémi. Qui réfléchit, pas longtemps, On lui propose de venir chez nous, il est frigorifié.

Chez eux c’est à dix minutes à pied. Ils disent quelques syllabes eux aussi, comprenant que des phrases complètes en anglais sont trop compliquées – come, eat, warm. Ils font des signes, des mimiques – rain, brrr, cold. Ils sourient. Pas lui. Mais il les suit, à un pas de distance.

Il reste sur le seuil du salon alors qu’ils l’invitent à entrer, ses vêtements trempés alors qu’ils ont enlevé leurs bottes et leurs cirés. Bien sûr, lui n’a rien à enlever. Rémi le mène à la salle de bains, Céline fait chauffer de l’eau pour un thé. Voilà, cela a commencé ainsi. Rien que de très naturel. Tu aurais fait de même, non ?