Une marmotte lance son cri perçant
à une dizaine de mètres
de moi,
ne l’interrompant pas pour rejoindre son terrier,
comme si,
non
contente de prévenir ses congénères,
elle me défiait.
Se prendrait-elle pour un
taureau ?
Assis dans la prairie j’écarte les herbes que le vent couche
contre ma peau,
les confondant avec une mouche.
Puis sur le dos de ma main une
herbe me frôle, délicate,
et s’envole.
L’eau du torrent est opaline glaçon.
Le lac est si froid que j’hésite à y plonger davantage que
la plante de mes pieds.
Jusque sur mon crâne frémissent mes racines.
Un bouquetin s’engage sur le névé,
dans la trace laissée par
les hommes
qui amplifièrent la trace d’un bouquetin.
De fait, il est facile de voir un bouquetin.
Même les
bavards y ont droit.
Mais il faut le silence pour qu’un bouquetin
ou une
marmotte
vous regardent de l’œil dont ils s’observent l’un l’autre.
Et recouvrer
soi un œil animal.