La griffure de la ronce sur mon
mollet
s’applique sans que j’eusse su la guider
plus précisément
au point exact
de la piqûre d’ortie
l’ayant précédé.
Tel papillon jaune si menu, au
vol lent,
je tends les mains en conque et les referme
précautionneusement,
ayant garde de l’écraser,
entre les barreaux de mes doigts
volette un temps
avant de se poser,
je sens la caresse soyeuse
d’une poussière d’été.
Un peu plus loin vous allez vous
mouiller les pieds dans un torrent, heureusement on peut s’accrocher aux
branches d’un noisetier, m’annonce une randonneuse, merci mais chut ! Que
venez-vous donc gâcher mon présent avec votre avenir, ou plutôt mon avenir
probable, votre passé opposé ? Je ne veux pas savoir ce qui m’attend au
prochain tournant, je ne veux pas qu’on me raconte l’histoire avant le film, je
déchirerais rageusement cette quatrième de couverture. Vous êtes malades de vos
analyses, commentaires, résultats. Jamais là au bon endroit. Laissez-moi plutôt
crever à deux pas du refuge si je peux avoir connu la surprise de ce torrent.
Sur une pierre plate je sèche la
plante de mes pieds, disputant la surface aux fourmis. Je lève alternativement
un pied puis l’autre, afin de ne pas perturber leur sens topographique, mais le
remède est pire que le désagrément, comprennent-elles l’humidité soudaine sur
leur chemin, l’ombre de ces deux colonnes qui remonte au soleil, et ne
risqué-je pas d’en écraser par inadvertance ? Alors je ne bouge plus, les
laisse partir à l’assaut de ma verticalité précaire, et je repartirai mi-sec
mi-chatouilleux.