mardi 16 août 2022

Aperçus d'altitude - 4

Ce moment où l’effort se dilue, les muscles des jambes s’affermissent, la respiration trouve son rythme et son amplitude. La pente est toujours aussi raide, on marche, on marche, on s’élève, on suit le tracé de couturier du sentier, un coup à droite, un coup à gauche. Et soudain la foulée s’allonge, le dos se redresse, rien n’a changé sinon l’impression que le chemin d’une certaine façon est plat, comme s’il suffisait de modifier l’oblique du regard, comme si l’on pouvait à loisir relativiser l’inclinaison de la Terre, et de fait ça marche, on courrait presque et l’euphorie gagne, il n’est plus de limite.
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Je plonge
mes pieds déchaussés dans le froid saisissant du torrent ;
me souviens du cri de la marmotte
qui m’a glacé le sang.
Pire que d’un prédateur, l’opposé d’un grognement caverneux.
Allez, j’accepterais de déchiqueter des saumons
avec mes griffes,
j’y prendrais même un certain plaisir.
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Au lieu de griffes j’aurais un fusil. Je tirerais sur les quads, bon d’accord j’essaierais de viser les pneus. Et sur les hélicoptères ? Il faut quatre heures à pied pour atteindre le refuge, et s'il s’agit de transporter un ravitaillement nécessaire, je peux tolérer cet engin qui brise durant une poignée de minutes la paix des montagnes. Devant le refuge, sur le terre-plein prévu à cet effet reste une palette débarrassée de ses liens mais non de deux mètres cubes de canettes de bière. Le sucre dans le moteur, ça marche toujours ?