31
décembre 2019
(6/n)
C’est bien
là le problème. Un perpétuel décalage.
On n’attend
plus le terme du compte à rebours pour souhaiter une bonne et heureuse année (déjà
ce matin, à la boulangerie – Et bonne
santé surtout !), mais attention : à souhaiter de plus en plus
tôt que se termine l’exercice en cours on finira par porter le deuil dès l’automne,
l’été, le printemps, le 2 janvier puis à s’avaler dans un trou noir temporel
défiant toute espérance de futur, et ce sera la fin de tout, à commencer par
celle de notre propre histoire individuelle. Sous le(s) manteau(x) il n’y aura plus
qu’une disparition inexplicable.
Mais enfin, aucun
sac, aucun portefeuille, aucun objet sentimental oublié dans les poches n’a été
volé, alors ce n’est pas si grave.
Il doit tout
de même y avoir une explication, sauf que tout le monde s’en fout. La nuit du
30 au 31 ne diffère de celle du 31 au 1er que par convention sociale
et souvenirs associés. Les excitations enfantines – et s’il n’y avait d’un coup
plus rien que le néant (si l’on basculait littéralement par-dessus le
rebord d’un crédit périmé) ? Ou d’un coup seul au monde entre quatre murs
éloignés, dans une forêt de murs où crier en vain ? Les crédulités
adultes, comme le miracle d’un baiser qui effacerait toutes les années d'avant.
Cela, oui, fait une différence, préfigure une douleur.
En éternuant
par inadvertance tu t’es froissé un muscle dorsal, plus question d’aller
danser. Sans toi, tu rêves, le meilleur moyen de combler une distance.