dimanche 4 avril 2021

Un perpétuel décalage

31 décembre 2019

(6/n)

C’est bien là le problème. Un perpétuel décalage.

On n’attend plus le terme du compte à rebours pour souhaiter une bonne et heureuse année (déjà ce matin, à la boulangerie – Et bonne santé surtout !), mais attention : à souhaiter de plus en plus tôt que se termine l’exercice en cours on finira par porter le deuil dès l’automne, l’été, le printemps, le 2 janvier puis à s’avaler dans un trou noir temporel défiant toute espérance de futur, et ce sera la fin de tout, à commencer par celle de notre propre histoire individuelle. Sous le(s) manteau(x) il n’y aura plus qu’une disparition inexplicable.

Mais enfin, aucun sac, aucun portefeuille, aucun objet sentimental oublié dans les poches n’a été volé, alors ce n’est pas si grave.

Il doit tout de même y avoir une explication, sauf que tout le monde s’en fout. La nuit du 30 au 31 ne diffère de celle du 31 au 1er que par convention sociale et souvenirs associés. Les excitations enfantines – et s’il n’y avait d’un coup plus rien que le néant (si l’on basculait littéralement par-dessus le rebord d’un crédit périmé) ? Ou d’un coup seul au monde entre quatre murs éloignés, dans une forêt de murs où crier en vain ? Les crédulités adultes, comme le miracle d’un baiser qui effacerait toutes les années d'avant. Cela, oui, fait une différence, préfigure une douleur.

En éternuant par inadvertance tu t’es froissé un muscle dorsal, plus question d’aller danser. Sans toi, tu rêves, le meilleur moyen de combler une distance.