(…) Ces surgissements de couleurs vibrantes – l’étonnante fluorescence des salamandres, l’éclair électrique d’un petit oiseau jaune, les vagues de fleurs sauvages qui palpitaient vivement dans les champs, l’intérieur orange du cœur pourri des bûches, la brève incandescences des lichens après la pluie – tout ce monde de couleur, éphémère et fugitif, émergeant des tons familiers du noir et du blanc – tout cela, chaque fois qu’elle rencontrait un tel choc de couleurs, c’était comme si une partie d’elle-même se fendait et s’ouvrait pour lui offrir une plus grande capacité à sentir les choses.
La réapparition des couleurs apportait un sentiment vivifiant assez semblable, c’est ce qu’elle imaginait, à ce que devaient ressentir les salamandres au printemps quand les cristaux de glace figés dans leur sang fondaient de nouveau. Une sorte de pétillement, comme une gazéification, comme une illumination dans son propre sang à elle – une impression de jeunesse, ou bien de santé, un sentiment de vigueur ou d’amour.
Rick Bass (in Là où se trouvait la mer)