Il se baissait, fouillait dans la neige à mains nues pour trouver les bois de cerf et il les déterrait pour les examiner brièvement (…). « Les écureuils et les porcs-épics les mâchonnent au printemps pour les minéraux, dit-il. C’est l’époque où ils ont besoin de ces éléments, quand les femelles sont grosses. Mais les faucons, les chouettes et les aigles doivent aussi prendre soin de leurs petits. Et ils ne peuvent pas manger les andouillers comme le ferait un rongeur. Alors ils se jettent sur les écureuils et sur les tamias, et c’est comme ça qu’ils obtiennent les minéraux contenus dans les bois. Quand on y pense, c’est assez fou, conclut-il. Au printemps, quand vous verrez un faucon dans le ciel, il aura une part de ces bois de cerf dans son corps. »
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Quand j’entre somnambule
Dans ta chambre et te prends dans mes bras
Et te tiens au clair de lune, tu t’accroches à moi
Fort,
Comme si le fait de s’accrocher pouvait nous sauver. Je pense que tu penses
Que je ne mourrai jamais, je pense que j’exsude
Pour toi la permanence de la fumée ou des étoiles,
Comme si le fait de s’accrocher pouvait nous sauver. Je pense que tu penses
Que je ne mourrai jamais, je pense que j’exsude
Pour toi la permanence de la fumée ou des étoiles,
Alors même que
Mes bras brisés se guérissent en t’enlaçant.
Rick Bass (in Là où se trouvait la mer)
& Galway Kinnell (cité par Valeria Luiselli in Archives des enfants perdus)